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Janie

En ces temps où de plus en plus de femmes s’imposent dans le paysage français comme des auteures-compositrices-interprètes accomplies, l’une d’elle a déjà – instantanément – conquis nos cœurs par la douceur et l’élégance de sa musique. Elle s’appelle Janie, elle a la vingtaine et cultive la pop française dans le même jardin que des Françoise Hardy, France Gall et Sylvie Vartan, un jardin également connu d’une certaine Juliette Armanet. Un jardin où la pop est francophone, d’une sincérité pure et organique d’aujourd’hui, dont les arrangements minimalistes, confiés pour cet EP au talentueux Marsö (Suzane, Foé, Videoclub), convoquent ça et là l’ambiance des 80’s.

Janie écrit, Janie compose, et incarne avec chic des ritournelles à la fois douces et acides, intemporelles et inscrites dans l’air du temps. Sa discothèque (qui compte déjà plus de 2,5M de streams) fait valoir son talent de pianiste et son timbre de haute voltige, tout en posant le décor délicatement nostalgique d’une fragile idylle entre deux amants d’un soir, en discothèque. Avec « Petite Blonde », single qui a donné son nom à ce premier EP, Janie donne toute sa place « à l’enfant que j’étais et qui n’a pas toujours su trouver sa place à l’école ou en groupe, pour que cette petite fille blonde puisse s’exprimer, se raconter sans jugement et pour tous les gens qui se sentent en marge ». Ovni de ce 5 titres, « Gremai » (maigre, en verlan) aborde le sujet douloureux des troubles alimentaires et plus spécifi quement de l’anorexie. Le piano sombre et classique de Janie vient tisser une atmosphère étrange, comme pour matérialiser la gravité de cette maladie.

« Cette chanson, elle raconte comment moi j’ai vécu l’anorexie, ce monstre qui se cache un peu partout, en référence au personnage qui suit Gainsbourg tout au long du fi lm de Joann Sfar Vie Héroïque ».

– Janie

L’avant dernier titre offre un magnifique duo avec le profond Foé. Écrit pendant le confinement, Les mots virtuels décrit une romance par écrans interposés avec des mots justes et tellement actuels : « Je te dirai des mots virtuels, dans mon écran ça paraît réel, tous les soirs comme un rituel, j’attends ». Un autre titre dédicace vient enfin vous serrer la gorge et vous étreindre de sa poignante sincérité, « Mon Idole » pour laquelle la voix de la jeune femme s’adresse directement au premier homme de sa vie. « C’est mon papa, mon Idole, cet homme d’une gentillesse et d’une sagesse infinies, qui nous a quittés trop tôt. J’ai mis beaucoup d’amour et de temps à l’écrire cette chanson, d’abord parce que j’avais trop de peine et ensuite parce que je voulais qu’elle soit la plus belle ». Elle, qui cite Christophe et ses mots bleus, n’en est jamais très loin, s’inscrivant dans ce romantisme frenchie à la fois éclatant et mélancolique. Si l’on rajoute au CV de Janie sa beauté toute hitchcockienne, nul doute qu’elle est déjà la nouvelle (jolie) tête de la chanson hexagonale.

 

Contact : mdeloffre@playtwo.fr